Les donateurs de l'aide au développement annoncent une enquête sur l'expulsion des tribus en Ethiopie

25 Juin 2014

Des bulldozers déblayent le territoire des Mursi dans le Parc National de Mago où les communautés sont expulsées de leurs terres pour faire place à des plantations de canne à sucre. © E. Lafforgue/Survival

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Les représentants de quelques-uns des plus importants bailleurs de fonds à l’Ethiopie ont annoncé leur intention d’envoyer une équipe au sud-ouest du pays qui sera chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme perpétrées à l’encontre des tribus de cette région.

Survival a dénoncé les persécutions et les harcèlements que subissent les tribus de la vallée inférieure de l’Omo visant à les forcer à quitter leur territoire pour faire place à des plantations de coton, de palmiers à huile et de canne à sucre.

De nombreuses autres organisations ont rapporté les mêmes faits.

Les plantations à grande échelle sont rendues possibles par le barrage hydroélectrique de Gibe III qui lui-même soulève une vive controverse.

Ce barrage, qui est sur le point d’être achevé, aura un impact dévastateur sur les moyens de subsistance de 500 000 membres de tribus, y compris ceux qui vivent autour du lac Turkana au Kenya.

Il aura des conséquences catastrophiques sur l’environnement de la région qui abrite des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco de part et d’autre de la frontière.

Survival et d’autres ONG ont régulièrement dénoncé l’expulsion forcée de centaines de Bodi et de Kwegu et continuent de recevoir des rapports inquiétants sur les manœuvres d’intimidation dont sont l’objet les tribus qui sont forcées à quitter leurs terres ancestrales pour être installées dans des camps de relocalisation.

Les Daasanach sont forcés d'abandonner leurs terres pour faire place au développement des infrastructures telles que cette station de pompage géante à Omorate qui facilitera l'irrigation des plantations. © E. Lafforgue/Survival

Le gouvernement éthiopien n’a ni demandé ni obtenu le consentement libre, préalable et éclairé des tribus à quitter leurs terres, en violation flagrante des lignes directrices concernant la réinstallation des populations établies par le Groupe d’aide au développement (GAD), un consortium des plus importants donateurs à l’Ethiopie, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Banque Mondiale font partie.

Le GAD qui apporte une aide financière importante à l’administration locale en charge des expulsions forcées a décidé de retourner prochainement dans la région de la vallée de l’Omo afin d’enquêter sur la situation, bien que les expulsions continuent malgré les visites préalablement effectuées par des donateurs et dont les résultats n’ont jamais été rendus publics.

Cette décision fait suite aux préoccupations croissantes de l’opinion mondiale. Des parlementaires italiens, allemands et britanniques ont adressé des questions au Parlement européen et des députés du Royaume-Uni et d’Allemagne ont exprimé leur préoccupation auprès de plusieurs ministères. Des questions parlementaires ont également été adressées au Royaume-Uni.

En février, le Congrès américain a jugé que l’argent des contribuables américains ne pouvait pas servir à financer les réinstallations forcées dans la vallée inférieure de l’Omo.

Suite à une action en justice intentée par l’ONG Friends of Lake Turkana, les tribunaux kenyans on statué que le gouvernement kenyan était dans l’obligation de divulguer les informations relatives à l’accord qu’il a passé avec l’Ethiopie concernant l’achat d’électricité produite par le barrage Gibe III.

Au début de l’année, un rapport de l’Unesco a recommandé que le lac Turkana soit inscrit sur la liste des sites classés au titre de patrimoine mondial en péril.

Peuples de la vallée de l'Omo
Peuple

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