L'ouverture d'une mine de diamants sur le territoire des Bushmen lève le voile sur l'hypocrisie du gouvernement botswanais

4 Septembre 2014

En 2004, un ministre botswanais a déclaré qu’il n’y avait aucune exploitation minière ni aucun projet d’exploitation futur dans la Réserve du Kalahari central. En 2014, une mine de diamants estimée à 4,9 milliards de dollars a été ouverte. © Gem Diamonds

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Une mine de diamants estimée à 4,9 milliards de dollars doit ouvrir le 5 septembre dans la réserve du Kalahari central, le territoire ancestral des derniers chasseurs bushmen, tout juste dix ans après que le gouvernement ait affirmé qu’aucun projet d’exploitation minière n’était prévu à l’intérieur de la réserve.

Les Bushmen ont été sommés de quitter la réserve peu de temps après qu’on y ait découvert des gisements de diamants dans les années 1980, mais le gouvernement botswanais a constamment nié que les expulsions forcées et illégales des Bushmen du Kalahari – de 1997, 2002 et 2005 – étaient dues à la présence de riches gisements de diamants. Il a justifié l’expulsion des Bushmen au nom de la ‘conservation’.

En 2000, cependant, le ministre botswanais des Mines, de l’Energie et de l’Eau a déclaré à un journal botswanais : ‘La relocalisation des communautés basarwa (bushmen) [de la Réserve du Kalahari central] ouvrira la voie à la mine de diamants de Gope’; et en 2002, les Bushmen ont déclaré à Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, : ‘Le général Merafhe, ministre des Affaires étrangères, est venu dans la réserve pour nous annoncer que nous devions partir à cause des diamants’.

L’ouverture de cette mine révèle également que les engagements pris par le Botswana à propos de la conservation n’étaient que de la poudre aux yeux. Le gouvernement prétend à tort que la présence des Bushmen dans la réserve est ‘incompatible avec la préservation de la faune’, tout en permettant l’exploitation diamantifère et la fracturation hydraulique sur leur territoire.

Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, les pratiques de chasse durables des Bushmen ne sont pas incompatibles avec la préservation de la faune. © Philippe Clotuche/Survival

Et tandis que les organisations de conservation de la nature ont félicité les efforts du président botswanais Ian Khama en matière de préservation de l’environnement, elles ont gardé le silence sur la persécution des Bushmen et les activités minières prévues dans la réserve du Kalahari central.

Un Bushman, dont la famille a été expulsée, a déclaré à Survival : ‘Cette semaine, le président Khama ouvrira une mine dans la réserve du Kalahari central. Les organisations qui ont glorifié le président Khama pour son action en faveur de la faune et la flore pensent-elles encore qu’il est un bon exemple pour le monde? Les habitants de la réserve ne profitent en rien de la mine. Les seuls bénéfices reviennent aux communautés qui vivent à l’extérieur de la réserve, tandis que nos ressources naturelles sont détruites. Nous nous opposerons fermement à cette mine tant que le gouvernement et la compagnie Gem Diamonds ne nous diront pas quels bénéfices elle nous apportera’.

Le gouvernement continue d’exercer une forte pression sur les Bushmen afin de les chasser de la réserve en les accusant de ‘braconnage’ parce qu’ils chassent pour se nourrir. Les Bushmen sont arrêtés, battus, torturés et tués, pendant qu’on encourage la chasse aux trophées. Les autorités ont également refusé de réouvrir le puits des Bushmen, restreint leur libre circulation à l’intérieur et hors de la réserve et empêché leur avocat d’entrer dans le pays.

Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Lorsque les Bushmen ont été illégalement expulsés de leurs terres ancestrales au nom de la ’conservation’, Survival a dénoncé ce crime – les Bushmen et nous-mêmes étions en effet convaincus que l’exploitation des diamants était la réelle motivation de leur expulsion. Le gouvernement et sa coterie ont vigoureusement nié ces accusations, mais finalement, la réalité nous a donné raison. Pendant ce temps, des organisations telles que Conservation International continuent de louer le président Khama pour son action en faveur de l’environnement tout en fermant les yeux sur les violations des droits de l’homme qu’il commet.’

Notes aux rédactions :
- Télécharger la chronologie des événements qui ont conduit à l’ouverture de la mine de diamants Ghaghoo

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