L'exposition du photographe Jimmy Nelson prise à partie avant son inauguration

30 Octobre 2014

© Jimmy Nelson/teNeues

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

L’œuvre photographique controversée de Jimmy Nelson sera exposée à la Young Gallery de Bruxelles le 7 novembre prochain. Son œuvre, qui renvoie une “image trompeuse et préjudiciable des peuples indigènes”, a été réprouvée par des peuples indigènes du monde entier ainsi que par des organisations telles que Survival International.

Nixiwaka Yawanawá, un Indien de l’Etat d’Acre au Brésil, a récemment manifesté devant l’exposition consacrée à Nelson à Londres. Il a déclaré : ‘En tant qu’Indien, je me sens offensé par l’œuvre de Jimmy Nelson ‘Avant qu’ils ne disparaissent’. C’est révoltant! Nous ne sommes pas en train de disparaître, nous luttons pour survivre. La société industrielle cherche à nous détruire au nom du progrès, mais nous n’abandonnerons jamais notre combat pour défendre nos terres et contribuer à la protection de la planète’.

Tandis que Nelson prétend que son œuvre est ‘ethnographique’, Stephen Corry, directeur de Survival International, la qualifie de fantasme d’un photographe qui n’a que peu de rapport avec la façon dont vivent ces peuples aujourd’hui, et même dont ils ont vécu par le passé. Les sujets de Nelson sont supposés ‘disparaître’, mais il ne fait aucune mention de la violence génocidaire à laquelle ils sont soumis.

Jeunes filles waorani dévêtues photographiées par Nelson. © Jimmy Nelson/teNeues

Les photos de jeunes filles waorani d’Equateur, par exemple, les montrent totalement nues avec pour seul vêtement un cache-sexe qu’elles n’ont jamais porté (elles portaient autrefois une simple cordelette autour de la taille).

Les Dani de Papouasie occidentale sont qualifiés à tort de ‘tribu la plus redoutée de chasseurs de têtes de Papouasie’. Mais aucune mention n’est faite des assassinats, de la torture et de la terreur qui ont été infligés aux Papous depuis l’occupation de la Papouasie par l’Indonésie en 1963.

Benny Wenda, leader papou, a déclaré : ‘Ce que Jimmy Nelson dit de nous est faux. Mon peuple, les Dani, n’a jamais été un peuple de chasseurs de têtes, cela n’a jamais été notre tradition. Les véritables chasseurs de têtes sont les militaires indonésiens qui ont tué mon peuple. Mon peuple est encore fort et nous luttons pour notre liberté. Nous ne ‘disparaissons’ pas, nous sommes tués par la brutalité des soldats indonésiens. Voilà la vérité.’

L’œuvre de Nelson a également attiré de vives critiques de la part des peuples indigènes d’Amérique du nord et de Nouvelle-Zélande. Un bloggeur maori a écrit : ‘Les Maoris ne sont pas une espèce en voie de disparition et n’ont pas à être décrits de la sorte pour les besoins d’un livre’, et Elissa Washuta, une Indienne cowlitz, a écrit dans Salon magazine : ’L’œuvre de Nelson est fondée sur une effrayante hypothèse : les peuples indigènes sont au bord de l’extinction. Il ne pouvait pas être plus dans l’erreur’.

Nixiwaka Yawanawá, portant une coiffe cérémonielle, a protesté contre l'exposition photographique 'scandaleuse' de Jimmy Nelson à la galerie Atlas de Londres. © Sophie Pinchetti/Survival

Davi Kopenawa, porte-parole des Indiens yanomami du Brésil, considéré comme le ‘dalaï-lama de l’Amazonie’ a déclaré lors de sa récente visite à Londres : ’J’ai vu les photographies et je ne les ai pas aimées. Cet homme veut imposer ses propres idées sur ses images pour les publier dans des livres et les montrer à tout le monde pour que les gens pensent qu’il est un grand photographe. Tout comme Chagnon, il fait ce qu’il veut des peuples indigènes. C’est une erreur de prétendre que les peuples indigènes sont sur le point de disparaître. Nous serons là encore pour longtemps, luttant pour nos terres, vivant dans ce monde et continuant de procréer’.

Notes aux rédactions :

- Lire la critique du livre de Jimmy Nelson (en anglais) publiée par Stephen Corry, directeur de Survival International, dans la revue américaine Truthout.

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