La réponse des autorités paraguayennes qualifiée de ‘totalement inadaptée’ par la Commission interaméricaine

3 Avril 2016

Une femme ayoreo. Elle a été forcée d’entrer en contact avec l’extérieur suite à la destruction de son territoire ancestral. © Survival

Cette page a été créée en 2016 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Survival International a fermement condamné l’échec du gouvernement paraguayen à protéger la tribu la plus vulnérable du Paraguay.

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait sommé le gouvernement à mettre un terme à la déforestation sur les terres ayoreo. De nouvelles images satellites montrent que la déforestation se poursuit dans la région à un rythme alarmant.

Jusqu’à présent, la réponse du gouvernement aux recommandations de la Commission ainsi qu’aux revendications des Ayoreo a été totalement inadaptée. Au lieu de tenter de freiner l’avancement rapide de la déforestation dans le pays, le gouvernement a préféré favoriser la mise en œuvre de projets de développement. Par ailleurs, de façon tout à fait légale, il sera toujours en mesure de délivrer des permis d’exploitation à des compagnies d’élevage, leur permettant de continuer à déboiser ce territoire.

Plus important encore, le gouvernement ne tient aucunement compte des droits territoriaux des Ayoreo. Le seul moyen de mettre définitivement fin à la déforestation, et donc de protéger les Ayoreo, est de veiller à ce qu’ils puissent retourner sur leurs terres.

Les Ayoreo vivent dans la forêt du Chaco au Paraguay, la plus grande forêt d’Amérique du Sud en dehors de l’Amazonie. Une partie du territoire ancestral des Ayoreo a été reconnu réserve de biosphère par l’UNESCO.

Le Paraguay détient le taux de déforestation le plus élevé au monde. 14 millions d’arbres sont abattus chaque mois dans la forêt du Chaco.

Des compagnies d’élevage, dont Carlos Casado S.A, une filiale de la société espagnole de construction Grupo San José, et l’entreprise brésilienne Yaguareté Porã S.A, sont en train de détruire rapidement le territoire des Ayoreo, l’une des terres les plus riches en biodiversité au monde.

De nombreux Ayoreo ont été expulsés de leur forêt. Certains de leurs proches vivent encore dans l’isolement et sont forcés de fuir pour échapper à la destruction progressive de leurs terres.

De nouvelles images satellites montrent que la déforestation illégale menée par Yaguareté Porã S.A se poursuit. A ce jour, la société ne dispose pas de permis pour exploiter ce territoire. Pourtant, elle prévoit de déboiser 80% des terres qu’elle occupe et de ne laisser intacte qu’une petite partie de cette réserve naturelle. Pour cette raison, l’entreprise avait remporté le prix Greenwashing de Survival en 2010.

Le gouvernement n’ayant pas encore pris de mesures pour arrêter la destruction ‘à coups de bulldozers’ de ces terres, il est probable que la déforestation se poursuive.

© GAT

Le leader Ayoreo, Porai Picanerai, a déclaré à Survival : ‘Les colons ont déjà détruit leurs propres terres, maintenant ils détruisent les nôtres’.

Survival a écrit au gouvernement paraguayen, à Grupo San José S.A ainsi qu’à Yaguareté Porã S.A, les exhortant à restituer les terres des Ayoreo. GAT, l’ONG paraguayenne de défense des droits territoriaux des Ayoreo, a également été en pourparlers avec des ministres.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Il est encourageant de voir que le gouvernement paraguayen a été disposé à rencontrer les Ayoreo mais ce n’est pas suffisant. Les projets de développement ne changent rien au fait que les Ayoreo sont des réfugiés sur leurs propres terres qui sont en voie de destruction. On peut constater sur les dernières images satellites qu’il est impossible de faire confiance aux entreprises d’élevage pour mettre fin à la déforestation. La seule solution pour garantir la survie de la forêt est de restituer ce territoire aux Ayoreo’.

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